Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de ce trouble, la dysorthographie, peu connu malgré le grand nombre de personnes qui en souffre. Cela fait longtemps que je constate avec tristesse qu’il était parfois difficile d’en parler, car le regard des autres n’est pas toujours bienveillant car ce trouble, comme tous les troubles DYS (Dysfonctionnement), reste assez méconnu.
La dysorthographie est un trouble de la famille des DYS qui se manifeste dans l’acquisition et l’assimilation de l’orthographe. L’enfant qui en souffre éprouve de grandes difficultés à maîtriser les règles orthographiques, ce qui entraîne une certaine complexité dans l’écriture. Elle est généralement la conséquence d’un trouble de l’apprentissage.
Je tiens à souligner que ce n’est pas un problème « psychiatrique », car j’ai déjà pu croiser un enseignant du second degrés qui pensait que c’était le cas !
La dysorthographie relève plutôt d’un trouble neurologique (Attention, ces termes ne sont pas péjoratifs!) Quoi qu’il en soit, elle n’est pas la conséquence d’un niveau d’intelligence inférieur (ça aussi je tiens à le préciser !).
Il serait plus juste d’associer la dysorthographie à un dysfonctionnement de certains réseaux du système nerveux cérébral, responsable de la réception, de l’intégration et du traitement du langage aussi bien oral qu’écrit. Là encore, je reprécise que ce n’est pas une tare, c’est le cerveau de l’enfant qui s’est formé comme cela.
Certains sont bons en dessin, d’autres non, certains ont une mémoire gigantesque, d’autres non, certains sont daltoniens, d’autres non, certains sont dysorthographiques et d’autres non.
On peut prendre des cours de dessins pour s’améliorer, on peut également apprendre à travailler d’une façon différente pour faire en sorte que les apprentissages se fassent le mieux possible lorsqu’on est dysorthographique. Je vous parlerai plus bas de solutions possibles.
La dysorthographie se manifeste par d’importantes erreurs de transcription : Les troubles de la transcription phonologique, les troubles du contrôle sémantique, les troubles morphosyntaxiques, les troubles du lexique orthographique.
Ces termes « savants » devant lesquels se retrouvent parfois des familles, peuvent paraître incompréhensibles pour certains, mais je souhaite quand même les faire apparaître car je m’adresse ici à la fois aux personnes atteintes de ce trouble, mais aussi à leur entourage qu’il soit familial ou scolaire. Les professionnels de l’enseignement sont les premiers spectateurs de cette dysorthographie.
Reprenons ces termes de façon simple.
Les troubles de la transcription phonologique : c’est une difficulté chez l’enfant à associer un graphème (écriture) à un phonème (son). Ils se manifestent généralement par des erreurs auditives et visuelles répétitives, et ce, alors que l’enfant ne souffre pas de problèmes auditifs particuliers. Il peut y avoir une confusion entre les sons proches : « jirafe » pour « girafe », une confusion entre les mots qui se ressemblent : « sante » pour « chante », une inversion des lettres : « setp » pour « sept » ou des erreurs de copie de mots : « chenile » pour « chenille ».
Les troubles du contrôle sémantique : Il est difficile pour l’enfant de mémoriser les mots ainsi que leurs utilisations. (exemple : « mer » pour « mère ».)
Les troubles morphosyntaxiques : C’est une incapacité à assimiler les règles grammaticales et syntaxiques. Par exemple au niveau des accords nominaux: « des chat » pour « des chats », et verbaux « ils chante » pour « ils chantent », ou une mauvaise compréhension de la grammaire: « il a manger » pour « il a mangé ».
Les troubles du lexique orthographique se traduisent chez l’enfant par des fautes d’orthographe même pour des mots familiers, souvent utilisés. Une omission de lettres : « fère » pour « frère » , une confusion de lettres : « vrère » pour « frère » ou un ajout de lettres ou de syllabes : « frèire » pour « frère ».
La dysorthographie se manifeste surtout par des difficultés au niveau du graphisme (dans un premier temps) puis de l’écriture et de la transcription, qui sont généralement lentes, irrégulières et maladroites. Ces premiers symptômes sont décelables dès la petite enfance.
Attention pas d’affolement : quelques difficultés dans l’apprentissage de l’orthographe ne signifient pas forcément qu’un enfant en souffre.
En maternelle, le trouble dysorthographique se reconnaît par un retard persistant au niveau du langage oral ( vocabulaire pauvre, mauvaise compréhension des sons, problème au niveau de l’orientation spatio-temporelle, graphisme irrégulier et malhabile, difficulté à mémoriser),
Si le trouble n’est pas dépisté en maternelle il se traduit par la suite par un retard important de la lecture malgré le passage en CP, la difficulté à recopier un texte, de nombreuses fautes d’orthographe, un écart important entre le raisonnement oral et l’écrit, une incompréhension du sens des mots à la lecture, une calligraphie irrégulière et maladroite.
Le diagnostic de la dysorthographie est établi à partir d’un bilan orthophonique. Cette étape est indispensable et obligatoire. Ce bilan comprend un test de conscience phonologique ainsi qu’un test visuo-attentionnel. La rééducation orthophonique est le traitement le plus efficace. Elle doit être réalisée le plus précocement possible, dès lors que le diagnostic est posé.
Cette prise en charge consiste à aider le patient à acquérir des processus d’apprentissage, et ce, grâce à des techniques de visualisation notamment, à remédier aux difficultés de correspondance automatique entre le phonème (son) et le graphème (écriture).
Une rééducation chez le graphothérapeute peut également s’avérer efficace. Cette prise en charge consiste à aider l’enfant à acquérir et à assimiler les gestes d’écriture qui ne sont généralement pas automatiques chez les dysorthographiques.
Le coaching scolaire est également un accompagnement efficace qui propose à l’enfant et aux parents des techniques différentes et complémentaires pour faciliter les apprentissages et dépasser ses difficultés.
J’espère que cet article vous aura permis d’éclairer votre lanterne sur la dysorthographie, qu’il permettra aux personnes qui en souffrent de ne pas en avoir honte et d’oser en parler librement afin d’informer sur ce sujet. J’espère aussi que certains professionnels de l’enseignement comprendront que la dysorthographie, comme les autres troubles DYS, ne sont pas un caprice de l’enfant ou même de la « fainéantise », comme j’ai déjà pu l’entendre ! Et pour finir j’espère pouvoir venir en aide à ces familles qui ne savent pas comment agir face à ce trouble.
N’hésitez pas à me contactez pour me faire part de vos retours.
Stéphanie Marchand